Je venais rarement au parc. Le soleil tapant, le ciel bleu, la chaleur … pour moi, ça, ça voulait dire que j'allais à la plage. Pas autre part. Je ne sais même pas pourquoi je suis venu ici, aujourd'hui. Ma caboche m'en gueulerait presque dessus. Enfin, je peux au moins me consoler en regardant le décolleté des femmes qui passent.
Vingt minutes que je suis assis sur ce banc. Je m'emmerde ferme. Des gamins jouent derrière moi, dans l'herbe. En arrivant, je suis allé jouer avec eux, et puis j'en ai eu marre. Lexi n'est pas là, Jake et Matt ( mes meilleurs potes ) non plus. j'ai pas envie de voir d'autres gens.. J'aime pas le dimanche. Ah, on est jeudi ? Autant pour moi.
Une mamie est venue à un moment, et m'a posé quelques questions. Âge, prénom, nom, situation sentimentale et financière.. Si tu veux marier ta fille mémé, vas voir ailleurs. Je doute que ta gosse kiffe me voir baver sur ma sœur. Moi j'trouve ça cool, pourtant, l'inceste.
Des nuages commençaient à montrer le bout de leur nez. Les enfants, pris par la main par leur mère, rentraient déjà chez eux, et le couple devant la fontaine s'en allait aussi. J'étais quasiment seul quand les gouttes ont commencé à tomber. J'avais pas envie de bouger; j'avais une capuche, ça suffirait. Le parc reliant le Nord et le Sud de la ville, je vis bon nombre de personnes passer. Je n'étais pas si seul, au final. Des hommes d'affaires prenaient leur sacoche pour se couvrir, des femmes utilisaient leur manteau. Ah, quinze heures, heure de pointe.
Je sortis de ma poche mon iPod. Tiens, je l'avais oublié. De ma poche était tombé un morceau de papier, grossièrement griffonné; je ne l'avais pas remarqué. Je mis mes écouteurs à mes oreilles et lançais la première chanson venue, le pied battant contre le sol de l'allée.

~ Une solitude inqualifiable s'empara de moi, chez moi, au loft. Jenny était sorti voir Lexi et j'avais préféré rester seule. Une journée ensoleillée comme celle-là ne se gâchait pas. Je m'étais lavé et brosser les dents puis j'optais pour un simple slim noir et un tee-shirt rouge avec quelques chaînes pour un effet un peu rock. Une paire de bottines fera l'affaire. Un petit coup de maquillage rapide et un dernier regard devant le miroir avant de sortir en prenant mon sac au passage.
Dehors, je branchais mon iPod et enfonçais machinalement mes écouteurs dans mes oreilles en laissant tourner mes chansons au hasard. J'étais perdue dans mes pensées et je ne regardais pas vraiment où j'allais. Je continuais de marcher, marcher et marcher quand un ballon en cuir me fonça dans le ventre. Le coup un peu brutal me sortit directement de mes pensées pour observer le coupable. C'était un petit gamin d'une dizaine d'années à peine. Il s'excusa rapidement, je ne lui répondit même pas, en lui lançant un dernier regard. Je levais ma tête pour apercevoir que je me trouvais dans le grand parc de Chicago. En fait, je déteste les parcs parce que ça grouille de gamins et de couples qui s'embrassent, tous heureux, croyant qu'ils finiront heureux comme ça toute leur vies, pathétique. Oui, je sais, je critique beaucoup là, je ne suis pas de très bonne humeur. Je m'assis sur un banc et regardais les nuages, seule. D'habitude, à cette heure-ci, je serais surement en train de faire du shopping avec des copines ou bien à me préparer à l'une des soirées les plus branchées du quartier. C'est ça la vie à Chicago. Mais non, aujourd'hui je me promène dans un parc, toute seule. Continuant d'observer les nuages, je remarquais qu'ils devenaient de plus en plus gris puis quelques gouttes tombèrent du ciel.
C'est fou comme le temps change vite ici. Les gens commençaient tous à partir un par un. Les mères tiraient leur enfants en les grondant. Les couples couraient en se tenant par la main pour se mettre à l'abri et les vieux, eux, on s'en fout. Moi, dans tout ça, je reste assise sur un banc à regarder les gens passer. Je n'ai ni capuche, ni parapluie et je déteste la pluie mais aujourd'hui, ça n'a pas d'importance. Aujourd'hui, ça fais un an que j'ai tuer quelqu'un et personne ne le sait. La culpabilité me ronge donc la pluie n'y changera rien.

Finalement, nous n'étions que deux dans le parc. L'autre était une jeune blonde. Elle avait l'air belle. De loin, du moins.
Je m'approchais d'elle. En fait, elle n'était pas belle que de loin, elle l'était tout autant de près. Je m'assis à côté d'elle et lui souris, après avoir ôté ma veste à capuche. Je la passais sur ses épaules, lui mis ma capuche et la regardais.

« salut ! »

Je la détaillais rapidement. Elle avait une bonne tête. Le ciel se dégagea peu à peu, attirant mon regard. La chaleur ne revint pas pour autant. « Ian Damon. Enchanté. » Je lui souris, encore. Je n'étais pas vraiment habitué à aborder quelqu'un comme elle. J'entends par là quelqu'un de trop.. pas assez.. bref. La dernière fois, j'avais fini par me faire limite violer sur le banc du parc. Bien sûr, il avait fallu que ce soit une des amies de ma sœur. Elles sont toutes folles celles-là, et violent tout le monde. Moi dans les premiers, forcément. J'suis sûr qu'elles ont un plan, tout ça pour me faire chier ! Elles seraient canon, je dirais rien. Mais vu les thons que ma frangine se trimballe, c'est pas forcément glorifiant que ce soit ce genre de meufs qui me courre après. Enfin, tant que ça m'empêche pas de m'en taper des bonnes, hein, j'vais rien dire.
Les nuages revinrent aussi vite qu'ils s'étaient barrés, et la pluie s'acharnait sur nous. Je rangeais mon iPod et me levais.

« le temps va encore se gâter, tu devrais pas rester là.. »

Je tendis ma main vers elle.

« Kate ? C'est joli ! »

Je lui souris et la tirais à travers les rues. La première chose abritée je nous rencontrions était un abri de bus. Je l'amenais dessous et m'assis sur le banc, l'invitant – la forçant – à s'installer à côté de moi. Je la regardais et soupirais en relevant ma tête vers le ciel pluvieux. Ce temps pourri ne me maintiendrait pas une seconde de bonne humeur si je n'étais pas en si bonne compagnie. En plus, je crois que je tombe malade. Il m'en faut peu; marcher la pluie suffit. Je tournais ma tête dans le sens opposé au sien et éternuais dans un mouchoir. Puis je regardais face à moi et soupirais. La journée va être longue. Je tournais ma tête vers elle et la fixais, sans être agressif.
« … je t'ai amené, mais tu dois trouver ça un peu bizarre de suivre un inconnu.. je vais pas te violer, hein ! Je sortais mon portable. « je vais nous appeler un taxi. » Une assez longue discussion téléphonique s'en suivit, aboutissant sur l'arrivée d'une magnifique limousine blanche d'une dizaine de mètres de long. C'est ça, mon taxi à moi. Puisque je n'avais pas ma voiture sous la main, je faisais ce que je pouvais ! Je tenais la porte le temps qu'elle monte – t'as pas le choix, haha ! – et montais après elle, refermant la portière derrière moi. La limousine démarra et arriva rapidement chez moi, repartant directement. Je reprenais la main de mon invitée et la tirais à l'intérieur de la villa familiale.